Hubert Louis Landes
Hubert Louis Landes
1905-1982
Adjudant de la Gendarmerie Nationale
Médaille Militaire
Médaille de la Résistance
Reconnu Juste parmi les Nations par Yad Vashem
le 19 Octobre 2019
Témoignage de Mme Yvette Goldberger-Joselzon
"Ma famille et moi, née le 27 décembre 1942 à Toulouse, avons trouvé refuge dans un petit village du Tarn, St Pierre de Trivisy, du 30 janvier 1943, lors de l’occupation de la Zone Libre, jusqu’en août 1944, lorsque les Allemands en ont été chassés. Quelques jours après notre arrivée, mon père s’est rendu à Vabre, le chef-lieu du canton, pour se présenter à la brigade de gendarmerie, comme la loi l’y obligeait. Ce jour-là, le Chef de Brigade, M. Landes, était absent et c’est le gendarme le plus ancien qui faisait fonction. Au retour de M. Landes,, mon père lui a expliqué notre situation. Cet homme que mon père qualifie de « très fin et très bienveillant », lui a dit : « Je vois que vous êtes très au courant de la situation, et je suis persuadé qu’en cas de changement, d’aggravation de la situation, vous serez certainement au courant ». Mon père a compris qu’il nous préviendrait. « Mais, écrit encore mon père, étant obligés de nous présenter au Service des Etrangers à la Préfecture, nous étions connus de l’administration et pouvions éventuellement être recherchés par une autre brigade, par la police et plus tard, la Milice. Malgré le soutien de la population, des autorités locales notre inquiétude, notre angoisse, peut-être un peu plus atténuées qu’à Toulouse, ne nous ont pas complètement quittés ». Mon père avait pris contact avec le maquis de Vabre pour entrer dans la Résistance, en septembre 43. A quelques temps de là, en septembre ou octobre 43, (ils n’ont pas précisé le jour exact), ma mère qui était seule à la maison avec ma grand-mère et moi, entendit frapper à la porte. C’étaient deux jeunes garçons d’une dizaine d’années. Elle a toujours gardé le souvenir précis de leurs paroles : « Monsieur Landes vous fait dire que demain matin on viendra vous chercher, prévenez vos coreligionnaires». Une famille de Castres, réfugiée aussi dans le village, la famille Lévy, a été prévenue. Dans l’affolement, nos amis Ginette Contios et Georges Dourel, nous ont trouvé à nouveau une ferme chez des cousins éloignés qui n’ont pas hésité à nous héberger malgré les risques. Mes parents, avec ma grand-mère, ont ramassé quelques affaires, et ont déménagé avec leur aide. C’était le soir, il n’y avait personne dans la rue. Quand nous sommes arrivés, la pièce qui servait de réserve à grains était entièrement nettoyée, et des lits étaient préparés pour nous ! Plus tard ils ont appris que le lendemain matin à six heures, des gendarmes d’une autre brigade, sont venus à l’appartement. Ils ont frappé à la porte longtemps et fort. Au bout d’un moment, notre voisin, qui était ferblantier, a ouvert ses volets. Les gendarmes lui ont demandé s’il ne savait pas où nous étions. « Ici dans la ville, on ne s’occupe pas des voisins », fut sa réponse, et il a refermé les volets. Dans la rue, il n’y avait qu’une personne, le sabotier, beau-frère de notre propriétaire. « Vous ne savez pas où sont les locataires de Maffre ? » « Ah, Maffre avait des locataires ? Je ne le savais pas ». Et les gendarmes sont repartis. Ainsi, l’intervention de M. Landes a été déterminante pour notre survie. Grâce à son engagement courageux et avec l’aide des habitants du village, nous avons échappé à la déportation et vraisemblablement à une mort certaine. Mes parents leur ont été toute leur vie infiniment reconnaissants, et moi-même, encore aujourd’hui, je tiens à porter témoignage de ces actes de courage, qui nous ont sauvés et apportent quelques éclairs de lumière à cette période épouvantable de l’histoire."